Le 26 septembre 2002 se déroulait une cérémonie très particulière au Saguenay : c’était l’inauguration du « Petit musée de minéralogie » à l’Université du Québec à Chicoutimi. Ce musée a vu le jour grâce au don du collectionneur bien connu : Mario Corneau.
J’aimerais vous raconter quelques événements qui ont conduit à la mise en place de ce musée.
Mon travail à l’université m’amène à identifier plusieurs spécimens tout au long d’une année : des soi-disant météorites (croûte de haut-fourneau, shale poli, etc.), de l’or « visible » (pyrite, phlogopite dorée, etc.) et de nombreux fossiles (généralement « réels » ceux-là) J’aime bien recevoir ces curieux et ces amateurs toujours à l’affût de la pièce rare. Je les informe de la nature de leurs trouvailles et les encourage à poursuivre leur recherche. Certains parmi eux sont mêmes devenus des collectionneurs acharnés. De plus, chacune de ces rencontres ajoute au plaisir de découvrir peut-être un échantillon exceptionnel.
Lorsqu’en septembre 2000, Mario est venu me voir disant d’entrée de jeu qu’il avait une collection à donner, je fus un moment sceptique. « Un de plus, » me dis-je! Il me présente alors quelques minéraux qui m’impressionnent vraiment. Pas de doute, celui-là sait de quoi il parle, concluai-je! Il m’invite à regarder les autres pièces de la collection à sa résidence. J’accepte.
A l’été 2001, je passe les vacances en Gaspésie avec ma petite famille. Une blessure sérieuse à la main droite m’oblige à écourter mon séjour. Sur le chemin du retour, une fois rendu à Québec, je me rappelle l’invitation de Mario. Il accepte de nous recevoir à son domicile beauceron. Je suis fébrile à l’idée d’évaluer le potentiel de « ses bébés » (comme il les surnomme). Je suis surpris de la qualité des pièces qui s’offrent à ma vue. Je me transporte alors par la pensée au Smithsonian Institute à Washington. Une collection spectaculaire qui exigerait un compte de banque bien garni, patience, courage et énergie pour qui espérerait trouver des pièces « semblables ». Et là, j’ai devant moi une collection accessible dont le niveau de découverte est d’ordre supérieur. Chaque spécimen a son histoire. De plus, la qualité et la variété des pièces rendent hommage au sol québécois.
Une décision s’impose. Mario et moi optons pour une exposition permanente accessible en tout temps. Ne reste plus qu’à négocier une entente avec l’U.Q.A.C. pour présenter ces trois cent cinquante minéraux.
Entre-temps, je rencontre une étudiante, Claudine Simard, possédant déjà une formation en géologie et qui me paraît avoir les aptitudes et le talent pour réaliser ce projet. Elle en accepte la charge.
Et qui dit « projet » dit « budget »! Je réussis à obtenir les sommes d’argent pour payer le salaire et le matériel nécessaire à l’installation du musée.
Claudine s’avère être une travailleuse acharnée et une perfectionniste. Son charisme et son enthousiasme engendrent l’implication de personnes reliées au monde des sciences, de l’enseignement supérieur des finances et de la culture. De plus, elle s’assure la collaboration de deux bénévoles, Marie-Reine Belzile et Claude D’Amours qui l’assisteront pour la mise en valeur des échantillons. Son enthousiasme n’est en rien ralenti par diverses contraintes (période de vacances, livraison de matériel en retard, budget restreint, délai de réalisation plutôt court, etc…) de telle sorte que tout est prêt à temps avant la rentrée étudiante universitaire.
Le premier chapitre prend fin avec l’ouverture officielle du « Petit Musée » en présence du recteur M. Michel Belley. Une cinquantaine de personnes ont répondu à l’invitation et ont pu admirer cet écrin de minéraux.
L’engouement est palpable et fait s’amorcer un nouveau projet. En plus de présenter cette exposition à la communauté locale voire provinciale, ne pourrait-on pas faire connaître ce « trésor » au monde entier sur un site Internet? Me revoilà parti à la recherche d’idées nouvelles, de fonds et de personnes passionnées et compétentes.
Une autre belle aventure! Il fut donc décidé d’en faire l’implantation sur une période de trois ans. Un développement progressif m’apparaît être une clé de réussite. La première année, le format de base sera créé à partir d’une cinquantaine de minéraux de la collection Corneau. Cette période fertile en tests, critiques, ajustements permettra une amélioration constante du site.
En plus de ces deux moyens privilégiés de connaissances du monde minéral, nous voulons intéresser et encourager les jeunes de cycles primaire et secondaire en leur offrant des formules d’expérimentation, des conseils sur la mise en branle de projets scientifiques et des pistes de recherche en classe.
Nous sommes donc heureux de vous accueillir au 2ième étage du Pavillon principal de l’U.Q.A.C. et nous vous proposons une agréable visite virtuelle sur le site www.uqac.ca/mineraux.
L.Paul Bédard
